En cette fin d’année 2019, de nombreux experts et rapports pointent d’une manière insistante une diminution de l’emploi intérimaire à l’échelle nationale. En effet, le baromètre Prism’Emploi a confirmé pour le début de l’automne, une poursuite et même une accentuation de la tendance. Mais faut-il pour autant s’inquiéter pour ce secteur important de l’emploi en France ?
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Une baisse quasi-généralisée
Les statistiques qui ressortent des rapports consacrés au monde de l’intérim vont dans le sens de l’idée d’une « crise », en cela qu’ils mettent en lumière une diminution de l’embauche dans pratiquement tous les secteurs. En effet, pendant l’été, le marché de l’intérim en général a connu une baisse de 3.4 % selon le site Fnaseph.org , et on recense 30 000 emplois de moins en intérim que l’année passée.
Au cours de l’été 2019, les secteurs de l’industrie et des transports ont enregistré des baisses respectives de -7.5% et -10%, toujours d’après la même source d’informations, et apparaissent dès lors comme les secteurs les plus touchés. La conséquence principale de cette diminution dans le domaine industriel est que la crise de l’intérim touche avant tout des ouvriers, y compris spécialisés.
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On remarquera également une évolution dans paysage des recruteurs, encore dominé par les Grandes agences nationales (Randstad, Adecco, Manpower). Avec le développement du numérique mais également une tendance positive à valoriser la proximité, ces grandes agences tendent à être concurrencées par de plus petites structures, locales et indépendantes, comme Facilium à Rennes. Il existe également des agences de niveau régional, à l’image de Gerinter, dont le réseau est présent dans les villes de l’Ouest Français, et plus particulièrement en Bretagne.
Un contexte malgré tout positif
Si le secteur porteur de l’industrie semble accuser un recul important au cours des derniers mois, certains domaines ont plus que résisté. C’est le cas de la construction, qui a connu une augmentation du recrutement en intérim de 3.7%, tandis que l’on constate une stabilité du côté du commerce en cette période touristique (+0.4%). Du côté des catégories socio-professionnelles, l’embauche dans le cadre de l’intérim est en hausse pour les cadres et professions intermédiaires, qui sont de plus en plus amenés à effectuer des missions temporaires en entreprise.
L’année 2019 n’est pas encore achevée, mais ces éléments laissent à penser que le bilan à venir prochainement sera à relativiser. D’une part, il faut prendre en compte la situation générale de l’intérim depuis 2015, qui se trouve dans une période d’essor. Une augmentation considérable de l’emploi en intérim a été enregistrée entre janvier 2018 et janvier 2019, et de ce fait, la baisse actuelle peut apparaître comme étant logique.
D’autre part, la diminution du recrutement en intérim semble en lien avec une augmentation du nombre de contrats signés en CDI, une nouvelle très positive quant à la durabilité de l’emploi et sa stabilité. Le statut d’intérimaire permet plus qu’auparavant d’évoluer vers un CDI (25000 contrats sur l’année), un succès notable qui témoigne de l’efficacité des agences de recrutement.
La Bretagne, une exception française ?
Au-delà des aspects positifs et négatifs induits par la baisse de l’intérim au cours de cette année, la carte de France pour septembre 2019 de Prism’Emploi démontre clairement que la Bretagne apparaît comme l’unique région de France à connaître une augmentation de l’emploi intérimaire, avec +2.3 %, à l’inverse d’ensembles à priori plus dynamiques, comme la Nouvelle-Aquitaine (-7.4%) ou bien le Grand Est (-6.5%). Ces chiffres démontrent que la situation de l’emploi en Bretagne est largement positive, surtout que le taux de chômage y est d’avance inférieur à la moyenne nationale (7,2% contre environ 10% à l’échelle de la France). La qualité des agences régionales et locales semble en partie expliquer ce succès breton.
Cette évolution pour septembre 2019 s’inscrit dans le prolongement de l’été, où les rapports de Prism’Emploi avaient déjà pointé une hausse de 1,6% de l’emploi intérimaire. Cependant, de récents articles semblent néanmoins indiquer un ralentissement en cours de cette croissance en Bretagne, ainsi qu’un inversement de la tendance nationale pour ce qui est des cadres et professions intermédiaires, jusqu’alors bénéficiaires de l’évolution du marché de l’intérim.
Si l’essor de l’intérim en Bretagne paraît s’estomper, la période de croissance initiée en 2015 n’est pas encore achevée, et le baromètre Prism’Emploi insiste particulièrement sur ce point. D’autre part, la montée en puissance des CDI intérimaires (qui consistent en l’embauche d’un employé par une entreprise pour plusieurs missions successives, sur une durée indéterminée), permet à des demandeurs d’emploi de retrouver une situation de travail durable. Ce type d’embauche encore récent contribue de ce fait à faire baisser le nombre des recrutements classiques en intérim. Ainsi, la baisse générale de l’intérim en 2019 n’est pas automatiquement synonyme d’augmentation du chômage.
Les donnés de cet article proviennent en majeure partie de la source Prism’Emploi.